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Patrie en danger, dont le premier numéro contenait cette fière déclaration : « qu’il n’y avait plus de partis, ni de nuances en présence de l’ennemi, et que le gouvernement issu du 4 septembre représentait la pensée républicaine et la pensée nationale. Les rédacteurs de ce journal lui offraient leur concours le plus énergique et le plus absolu, sans autre condition que de maintenir la République et de s’ensevelir avec eux sous les ruines de Paris, plutôt que de signer le déshonneur et le démembrement de la France ! »

Mais son âme de patriote s’émeut au spectacle du péril grandissant. Il semble alors pourvu d’une clairvoyance qui fait défaut aux contemporains. Il voit le gouffre où les Trochu et les Favre entraînent la Patrie. Il fait entendre de mâles et prophétiques accents. Plusieurs de ses articles de la Patrie en danger, relus à quarante ans de distance, apparaissent flamboyants de vérité, de cette vérité que nous savons aujourd’hui sur les homes et les faits de la Défense. Eloquents, persuasifs, ces appels au patriotisme sont en même temps remarquables par les connaissances stratégiques et la notion juste de la situation militaire. Un grand journaliste, nullement blanquiste, à peine républicain, J.-J. Weiss, a dit dans Journal de Paris : « Comme il possédait à un degré éminent la faculté politique, Blanqui a donné, du 4 septembre au 9 octobre, pendant qu’il en était temps encore, même en matière militaire, tous les avertissements qui, écoutés, eussent pû préparer le salut. Il a prédit, dès avant l’investissement, la catastrophe et les causes qui l’amèneraient… »

Ni les gouvernements, ni le peuple, oh ! le pire sourd d’alors ! ne voulurent entendre cette voix qui était celle de la raison, de la prévoyance et du patriotisme. Au 31 octobre, Blanqui, Flourens, des jeunes gens du Quartier Latin, Eudes, Rigault, Alphonse Humbert, Henry Baüer, Jules