Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

principe proudhonien : le principe fédératif. La Commune de Paris ne devait-elle pas aboutir à la Fédération des Communes de France, ayant pour force et pour levier la Fédération des Gardes Nationaux, c’est-à-dire des citoyens armés ? Si elle avait eu la victoire et la durée, la Commune établissait la République fédérale qu’avait annoncée l’auteur de la Justice dans la Révolution et dans l’Église. La Commune de 1871, par le programme social que ses membres acceptaient, désiraient réaliser, apparaît donc comme procédant directement de Proudhon. L’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes, leur capacité politique et l’affranchissement des tyrannies du capital, du crédit usuraire et des vieilles servitudes du salariat, comme l’abolition de la détention par une classe privilégiée des instruments de production et de richesse, ce furent bien la les idées, le programme, le rêve, si l’on veut, des hommes qui donnèrent leur sang et leur liberté pour l Commune. C’était bien aussi les idées, le programme et l’utopie de P.-J. Proudhon.

L’insurrection de 1871 fut, à ses origines, patriotique et économique ; elle devint par la suite révolutionnaire et socialiste, subissant l’impulsion de la pensée, de la propagande proudhoniennes, et cela à l’insu des masses populaires, et malgré les tendances et les opinions de beaucoup de ses dirigeants. Ce serait péché d’ingratitude, et fait d’ignorance de la part des socialistes anciens et nouveaux, que de répudier l’influence de P.-J. Proudhon sur les hommes de 1871.

LES BLANQUISTES

Une autre influence, considérable aussi, plus visible, mais portant sur les faits plutôt que sur les idées, fut celle