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Peut-être tenterai-je un jour d’expliquer et de reviser les jugements infiniment trop sommaires, partant inexacts, non seulement d’Engels, mais de Marx lui-même, sur l’ensemble de l’œuvre de Proudhon. Ce qui est certain, c’est qu’ils n’en connaissaient que la première partie.

Les circonstances et une mort prématurée empêchèrent Charles Longuet de réaliser cet intéressant dessein.

Il résulte de ce qui précède que si P.-J. Proudhon est aujourd’hui dépassé par les écoles socialistes, dédaigné par les groupes de militants syndicalistes, il n’en fut pas moins, dans les dernières années de l’empire, l’éducateur, le guide de tous ceux que préoccupaient les questions sociales. Son influence fut grande sur les orateurs de réunions publiques et les publicistes d’avant-garde. Il forma des socialistes. Il devint l’inspirateur des délégués des associations, des membres de l’Internationale, et de lui procédèrent ceux des membres de la Commune qu’on a rangés parmi la minorité, en réalité les vrais communalistes.

Il ne faudrait pas toutefois considérer le gouvernement de la Commune de 1851 comme étant d’essence proudhonienne. Le grand sociologue eût répudié cette filiation hasardeuse. Il est probable que, s’il eût vécu jusqu’au 18 mars, il se fût tenu à l’écart, toujours avec le peuple sans doute, mais ne frayant pas avec ses élus. À la Commune, il n’aurait ménagé ni les critiques, ni même les blâmes, tout en favorisant son succès. Ce serait une erreur grossière que de faire de Proudhon un communard d’avant la Commune, ou de la Commune un comité Proudhonien sans Proudhon. Il a désavoué à l’avance ces disciples inattendus, le terrible négateur qui a lancé cette boutade : « On me dit qu’il y a, je ne sais où, des gens qui se disent proudhoniens. Ce doit être des imbéciles. »

Mais la Commune était avant tout la mise en action du