rent leur repos, leur liberté, leur existence pour cette Commune qui représentait pour eux, pour tous, le présent moins mauvais, le futur meilleur. Ils tombèrent, chevaliers d’un idéal que beaucoup ne comprenaient qu’imparfaitement, qu’ils n’auraient peut-être pu définir clairement, ni littérairement, mais qui pour tous se résumait dans cette double espérance : avec et par la République maintenue, plus de justice et plus de bien-être dans la cité affranchie !
Ces Trente sous out permis à la République, à notre République actuelle, de vivre en barrant la route à la réaction, en intimidant les anciens partis, en forçant surtout le parti démocratique tout entier à marcher, à progresser, à conquérir le pouvoir et la stabilité. Les « Trente Sous » ont garanti l’Avenir. Ils ont ouvert le chemin à la République réformatrice, et préparé un ordre social nouveau. Tous les progrès encore incomplets, mais déjà sensibles, obtenus jusqu’à ce jour, et ils sont considérables et définitifs, eussent été indéfiniment ajournés ou même impossibles, sans leurs efforts. Les « Trente Sous », en combattant, en mourant, n’ont pu sauver la Commune, mais, devant la conscience humaine, devant l’Histoire, ils l’ont conservée impérissable et grande. Grâce à leur courage, grâce à leurs existences sacrifiées, cette Commune a pu être noyée dans le sang, elle n’a pas succombé sous le ridicule. Avec le recul du temps, les générations nouvelles, sans l’imiter, sans la ressusciter, car on ne ranime plus ce qui a vécu, la connaîtront mieux et la jugeront plus impartialement. La Commune de 1871 obtiendra de l’avenir cette attention révérentielle, où le blâme peut s’allier à l’admiration, qui est accordée aux grandes choses du passé.