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les escarmouches comme dans les grands combats autour de Paris. Les autres ont suivi, généralement avec incertitude et mollesse. La plupart des hommes qui les composaient avait fait leur temps de service, s’estimaient quittes et libérables, et n’avaient qu’une idée : déposer les armes et être renvoyés chez eux. Si on avait pu, par un plébiscite militaire, faire décider de la continuation ou de la cessation de la guerre civile, tous les soldats eussent répondu comme un seul homme : « Qu’on leur flanque leur Commune à ces sacrés Parisiens, puisqu’ils y tiennent tant, et ensuite qu’ils nous f… la paix ! » Mais nous l’avons remarqué plus haut, on ne consulte pas les soldats dans une guerre civile, pas plus d’ailleurs que dans une autre guerre.

L’armée de la Commune ne se composa en réalité que d’un nombre restreint de combattants, de présents au danger, qu’on peut considérer comme des volontaires. Ceux-là tinrent jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au 22 mai. Car, à partir de l’entrée des troupes, il n’y eut plus d’armée organisée, ce fut une lutte sans espoir, soutenue dans quelques quartiers excentriques par une poignée d’insurgés en dislocation.

L’armée de la Commune, comme toutes les armées, a eu dans ses rangs des non-valeurs ; elle ne fut, pas plus que l’armée de Versailles, exempte de mauvais soldats, d’ivrognes, de poltrons et d’indisciplinés, mais doit-on prendre en considération ces déchets inévitables ? Ils tiennent à la nature humaine et toute agglomération d’êtres a ses résidus. C’est l’ensemble qu’il faut regarder. Il se trouva, parmi les fédérés, au milieu de milliers de braves, des timorés, des indécis, des désabusés et des mécontents. Ceux-là, sans lâcher pied ostensiblement, se défilèrent discrètement, et comme on dit en argot de troupiers « coupèrent » aux exigences du service, aux dangers de la bataille. Mais aussi