Un décret de cette importance, que son auteur reconnaît discutable dans son principe et inapplicable dans son intégrité, dont il avoue de plus avoir favorisé l’inexécution, est jugé, et ne saurait être considéré comme une mesure raisonnable et nécessaire. Ce fut une des nombreuses et terribles bévues échappées à Cluseret durant son trop long séjour à la délégation à la Guerre. Il avoua lui-même, en reproduisant l’opinion de Benoit Malon, que « l’obligation de servir ne donna pas plus de 1,000 hommes à la Commune ». Ce n’était véritablement pas la peine de violer le bon sens et la justice, de faire du militarisme hors de propos, et de permettre des actes qui parurent arbitraires, tels que perquisitions, arrestations. Ces violences indisposèrent une partie de la population inutilement, et fournirent des arguments ironiques ou malveillants à la réaction, Les journaux de l’époque, même à Paris, raillèrent « la chasse aux réfractaires », et des feuilles illustrées publièrent des dessins fantaisistes amusant le public avec des épisodes d’évasions comiques. Il en est un, notamment, qui eut beaucoup de succès : il représentait une bonne dame mûre, accroupie sur le talus d’un bastion, s’arcboutant, avec le vent faisant voile sous la crinoline, pour maintenir et diriger une corde enroulée à un fort piquet, à l’aide de laquelle un jeune réfractaire descendait dans le fossé pour gagner la campagne et Versailles. Malgré la bonne disposition de Cluseret et les facilités que donnaient les autorités à ceux qui voulaient éluder le décret, « pour mon compte, a dit Gaston Da Costa, alors l’un des chefs de la préfecture de police, je n’ai refusé aucun laissez-passer à mes camarades étudiants », il y eut un certain nombre d’insoumis arrêtés. Des commissaires de police ici et là firent du zèle. Les délinquants emplirent un instant les prisons, mais on ne les garda point. L’effet sur l’opinion de ce décret malencon-