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fortifications, ne put offrir une résistance sérieuse que sur quelques points de la périphérie et dans certains quartiers excentriques. Cette responsabilité, quant à la résistance intérieure, doit être partagée par les successeurs de Cluseret, car ni Rossel, ni Delescluze, ne se préoccupèrent, avant l’entrée des troupes, de la bataille dans Paris, de la défense à organiser dans les rues. Il est vrai que Rossel fut absorbé par les difficultés croissantes de la lutte sous les murs et que Delescluze fut gêné et détourné par des discussions d’ordre politique ou parlementaire.

À ces deux fautes principales de Cluseret, il faut ajouter l’inutilisation de toutes les forces dont il pouvait disposer. Il s’est vanté, assez sottement, de n’avoir jamais employé plus de six mille bommes pour la défense totale de Paris ! Il a donné pour explication, sinon pour excuse, de cette immobilité où il laissa tant d’hommes pourtant disposés à marcher et prêts à se faire tuer, que la solidité de ces troupes lui paraissait problématique. Il est évident que la masse des fédérés ne pouvait tenir en rase campagne contre une armée régulière organisée, pourvue de tout, dans son ensemble suffisamment commandée, et entraînée par des débuts heureux. La sortie des 3 et 4 avril avait démontré cette infériorité qui n’était pas seulement celle du nombre. Mais en engageant successivement, avec choix et discernement, une plus grande quantité d’hommes, en soutenant et en relevant partiellement les bataillons ayant déjà donné, Cluseret eût d’abord maintenu sous les armes plus d’hommes et aguerri ses nouvelles troupes, inspiré confiance à ses têtes de colonnes, et rendu plus difficile la marche en avant des versaillais. Les difficultés que ceux-ci rencontrèrent dans Neuilly, sous les forts du sud, et la résistance prolongée des fédérés à Issy, à Neuilly, prouve que, si Cluseret avait mis en ligne des bataillons plus nombreux,