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grotesque, parce que son premier aide de camp me l’a dit. » Ce premier aide de camp est celui que l’agent Veysset prétendit avoir gagné.

La porte du Point-du-Jour n’a pas été livrée par trahison, comme nous l’établirons lors du récit de l’entrée des Versaillais dans Paris. Elle fut abandonnée par négligence, par lassitude aussi : la défection des gardes désignés pour ce poste se produisit dans une heure d’inertie, de découragement, par suite de l’incurie de chefs subalternes, et nullement par trahison. L’or de Versailles et la complaisance de Dombrowski sont des inventions. Aucun bataillon n’était venu relever les postes du Point-du-Jour, comme s’y attendaient les gardes, épuisés, affamés ; ils évacuèrent d’eux-mêmes la position devenue presque intenable. On a vu plus haut la déposition de M. Thiers sur les effets dévastateurs de la batterie de 120 pièces établie à Montretout. Aucun général, en eût-il eu la criminelle intention, ne pouvait dégarnir ostensiblement la porte d’Auteuil : les fédérés eussent conçu de la méfiance, et malgré le danger terrible, ils seraient revenus en force défendre le seuil dégarni, en criant à la trahison. Lisbonne, qui était près de là, fût accouru avec son intrépidité connue. Dombrowski, même soupçonné seulement, eût été arrêté sur-le-champ par les gardes nationaux, conduit à l’Hôtel-de-Ville, fusillé sur place peut-être. Et puis était-ce un homme à acheter avec 20,000 francs ? Cette imputation, reposant sur les mensonges d’un gredin comme ce Veysset, peut-elle avoir été acceptée et propagée autrement que par le pire esprit de parti ?

Ce qui peut fournir un point de départ à l’accusation portée contre Dombrowski, c’est que son compatriote et ami, Bronislas Wolowski, a eu réellement des entrevues avec M. Ernest Picard, ministre de l’Intérieur, et même avec M. Thiers. Il obtint du ministère des laissez-passer pour