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l’un était mort et l’autre en prison. C’était P.-J. Proudhon et c’était Blanqui. Du fond de la tombe, Proudhon, et Blanqui de son cachot, un tombeau aussi, gouvernèrent cependant. En ces deux absents on peut voir les véritables chefs de la Commune.

P.-J. PROUDHON

Proudhon fut avant tout l’apôtre du principe fédératif, sur lequel repose le mouvement communaliste. Engels, Karl Marx et les autres sociologues allemands ont pu combattre la pensée proudhonienne, nier même son efficacité : les faits leur donnent formel démenti.

Proudhon, c’est le grand éveilleur d’idées, le remueur de consciences, et toute la génération de 1870 fut, comme à son insu, conseillée, éduquée, mise en mouvement par ce puissant penseur. Il a eu sur les idées et sur les aspirations des chefs du prolétariat français, avant la Commune, une action souveraine, qui s’est prolongée. On peut dire que les groupes socialistes contemporains, bien qu’ils négligent, dédaignent ou repoussent leur origine proudhonienne, procèdent du cerveau génial du philosophe bisontin. Répondant à une critique, inconsidérée et injuste, de Fr. Engels, dans l’introduction aux trois articles de Karl Marx sur la Commune, le traducteur Charles Longuet a dit très justement :

Ni les fondateurs du Parti ouvrier (1880), ni les promoteurs de l’unification du Parti Socialiste français (1899) ne doivent oublier que, il y a plus de trente-cinq ans (écrit en 1901), avant l’Internationale, avant qu’il y ait eu un parti socialiste démocrate en Allemagne, Proudhon avait complètement, merveilleusement démontré la possibilité et la nécessité de constituer en France un parti du Travail, nettement opposé aux diverses fractions