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celui qui fut armé pouvait être pourvu. L’artillerie était très forte : 1,740 canons et mitrailleuses. Les pièces de 7 dominaient, un grand nombre toutes neuves, provenant de la fabrication pendant le siège. Mais toutes ces bouches à feu ne furent pas utilisées. Le parc d’artillerie central fut installé au Champ de Mars, puis à l’École Militaire, trop tard. Un regrettable désordre y fut signalé jusqu’à la fin, malgré le zèle et la bonne volonté du directeur de l’artillerie, Avrial[1]. Les pièces avaient été éparpillées sur divers points, à la suite du Dix-Huit mars. Il s’en trouvait, en grande quantité, à Montmartre, à l’Hôtel-de-Ville, au square du Temple, aux Invalides, place Wagram, place d’Italie. Les gardes nationaux qui avaient pris possession de ces pièces, au moment où la nouvelle de l’entrée des Prussiens dans Paris, à la veille du Ier mars, produisit une émotion considérable, ne voulaient plus se dessaisir de ces canons qu’ils considéraient comme à eux. La précaution était loua-

  1. Avrial (Augustin}), ouvrier mécanicien, membre de la Commune, né à Revel (Haute-Garonne) en 1840. Apres son service militaire, il fut l’un des premiers adhérents à l’Internationale. Fondateur de l’Association des mécaniciens, suspect à la police impériale, déjà condamné pour affiliation à une société secrète, il fut impliqué dans le procès de Blois. Au 4 septembre, il fut nommé membre de la municipalité du XI arrondissement. Chef du 66e bataillon, il fut révoqué après le 31 octobre. Au Dix-Huit mars, il prit une part active aux événements, organisa la résistance a Montmartre. Il fut élu membre de la Commune dans le XI arrondissement par 16,193 voix. Chef de légion, il se montra brave et plein d’initiative lors de la sortie du 3 avril. Il seconda Eudes dans le combat de Meudon. Nommé directeur général de l’artillerie, il s’occupa activement de sa fonction et s’efforça de remettre de l’ordre dans ce service désorganisé. Un bon gros garçon très doux, très rond, à face réjouie et sympathique, pourvu d’une grande force musculaire. Il est mort à Faris il y a quelques années, et a été incinéré au Père-Lachaise. Une foule nombreuse assista à ses obsèques, où des discours furent prononcés par les citoyens Martelet, ancien membre de la Commune, Sincholle, qui avait été son camarade en exil, Marc Valentin au nom des républicains de Fécamp. Avrial, sous une apparence un pen lourde, était un esprit avisé, inventeur de nombreuses pièces mécaniques, et il exerça avec compétence et dévouement sa difficile fonction de directeur de l’artillerie. Son rôle politique à l’Hôtel-de-Ville fut secondaire.