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tion des personnalités, subit l’influence de deux grandes individualités.

Les délégués à la guerre, qui, au nom de la Commune, commandaient les généraux et ordonnaient les mouvements de troupes, n’eurent qu’une autorité éphémère, contestée, chicanée plutôt. Ils étaient en butte à la méfiance des comités fonctionnant autour d’eux, et sans cesse tracassés, dénoncés, souvent menacés d’arrestation. Deux furent obligés de se démettre, de se cacher même. Ces chefs de l’armée insurrectionnelle ne pouvaient être des dictateurs. Et cependant, un guerrier illustre, un apôtre de l’indépendance des peuples opprimés, en qui le Comité Central eut foi, à qui il voulait remettre la garde nationale, c’est-à-dire l’autorité, la loi, toute la Commune, le général Garibaldi, en refusant l’offre de venir se mettre à la tête des troupes parisiennes, avait conseillé de choisir un chef, un seul. La dictature ! c’était aussi la pensée, pendant le siège, d’Auguste Blanqui, le seul homme qui, peut-être, aurait pu assumer les responsabilités du pouvoir absolu, avec les chances de salut provenant d’une concentration de toutes les forces patriotiques et révolutionnaires. Une seule main, dirigée par une seule tête, c’était donc la conception blanquiste ? Elle ne fut jamais proposée à la Commune, qui demeura, jusqu’à sa dernière heure, sans chef, ce qui fait son originalité et sa place à part dans l’Histoire.

Deux hommes, deux esprits puissants, tout à fait dissemblables, et dont les disciples et partisans furent souvent antagonistes, exercèrent seulement une influence sur les esprits. On peut les considérer comme les générateurs de la Révolution de 1871, bien que ces deux conducteurs d’âmes, pas plus que J.-J. Rousseau et Voltaire ne furent des acteurs de la Révolution française, ne furent présents, ne participèrent aux événements de 71. Au Dix-Huit mars,