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LIVRE VI

LES DEUX ARMÉES

MAC-MAHON GÉNÉRAL EN CHEF

Le général Vinoy, commandant en chef de l’armée de Versailles, dut céder son commandement le vendredi 14 avril. D’où provenait cette disgrâce ? Il n’avait sans doute pas réussi dans l’affaire de la Butte-Montmartre, mais l’échec et la reprise des canons par les insurgés ne tenaient pas à son incapacité : M. Thiers avait tout commandé, même la retraite. Depuis, Vinoy avait protégé Versailles, rassemblé les troupes débandées, gardé les fuyards de Paris. Il venait de sauver et de rassurer l’Assemblée par les trois derniers combats qui avaient eu lieu sous son commandement. Il avait repoussé les fédérés sur tous les points, et il n’avait pas hésité à imiter Galliffet, en faisant fusiller sous ses yeux Duval et avec lui deux officiers de la garde nationale, qui s’étaient rendus sous la promesse de la vie sauve. Ces exploits ne l’empêchèrent pourtant pas d’être remplacé, brusquement, sans motif militaire ou politique avoué. Mais des compensations lui étaient dues. Son successeur d’ailleurs les exigea pour lui. Vinoy fut nommé grand-chancelier de la Légion d’honneur, et on lui confia le comman-