Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La Chambre, sur la proposition de l’amiral La Roncière Le Noury, au nom de la commission des Quinze, vota des remerciements à l’armée « pour sa conduite patriotique dans les journées des 2, 3 et 4 avril ».

Le marquis de Talhouët rapporta un projet de loi, portant ouverture d’un crédit de 72,500,000 francs pour l’alimentation et l’entretien des troupes allemandes. L’Assemblée, sur la proposition de M. Emmanuel Arago, se déclara en permanence. M. Arago et ses collègues républicains qui votèrent la permanence voulaient ainsi affirmer qu’ils n’avaïent nullement l’intention de se retirer de cette assemblée et d’imiter leurs collègues Charles Floquet, Lockroy, Delescluze, etc. Des députés élus comme républicains crurent donc devoir continuer à tenir séance à Versailles, au lieu de rentrer à Paris, au milieu de ceux qui les avaient nommés. Leur présence à Paris ne les obligeait pourtant pas à donner leur démission et pouvait avoir, par la suite, une influence, sinon sur les tentatives de conciliation, du moins pour la modération dans les massacres. Millière, qui n’appartenait pas à la Commune, et n’avait en rien participé à ses actes, eût probablement été arrêté pour obéir aux ordres de Jules Favre, mais non pas fusillé, si ses collègues de l’Assemblée eussent été là, intervenant, le réclamant comme député inviolable. La situation de ces députés parisiens obligés de féliciter à tout instant ceux qui fusillaient leurs électeurs devint équivoque et leur attitude fut gênée. Ils s’abusaient, pour justifier leur présence à Versailles, sur l’importance de leur action parlementaire. Ils ne firent que démontrer l’inutilité de leur rôle dans une assemblée furieuse, opposée à toute tentative de conciliation, attentive seulement au bruit du canon, s’éloignant de Versailles, se rapprochant de Paris.

Le peu d’intérêt des séances, durant ces journées de com-