le suffrage universel souverain, avec des institutions et un personnel démocratiques, avec un programme de réformes sociales à établir, la grande tradition révolutionnaire. La mission de la Commune de 1871 était d’instituer définitivement en France une république plébéienne, socialiste et communale. Elle eût paru renoncer à son programme, abdiquer son rôle et trahir la cause de la Révolution, si elle eût écarté de prime abord toutes les mesures d’intérêt général pour se cantonner dans la gestion des affaires municipales, pour limiter sa compétence et son action à l’œuvre utile, mais subalterne, de légiférer pour les 80 quartiers de Paris. Il eût fallu alors décréter la séparation de Paris et de la France, faire de Paris une ville libre républicaine, comme il y eut, en Allemagne, des villes libres impériales. Ce n’était ni dans le tempérament français ni dans la mentalité de l’époque, et la France n’eût pas tardé à périr, avec Paris, si ce programme eût été réalisé et ce but atteint.
La Commune de 71 ne paraît donc ni fautive, ni usurpatrice, ni surtout illogique, lorsque, dans ses premières séances, sans discontinuer la lutte avec Versailles, sans cesser de chercher à abattre par la force l’obstacle qu’une force contraire opposait à ses désirs, à sa raison d’être, elle affirma théoriquement mais solennellement, sa volonté de légiférer comme si elle fût devenue ce qu’elle entendait être : le gouvernement de la France, le régime national de la République française demeurée une et indivisible.
DISTRACTION POPULAIRE
La foule aime à se distraire, même en temps de révolution, même quand la ville est assiégée et que la population s’endort chaque soir au milieu du crépitement de la fusillade, à laquelle le sommeil s’accoutume comme au tapage