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naires jacobins comme Delescluze, pour lesquels les réformes sociales étaient un but, mais éloigné, subséquent, qu’on ne devait poursuivre qu’au moyen de l’emploi des formes politiques déjà éprouvées. Ceux-là voulaient maintenir l’unité française telle que la Révolution l’avait fortement établie. Ils conservaient le vieux moule de la monarchie centralisatrice, imposé, accepté peu à peu à travers les siècles, mais rajeuni et démocratisé par les institutions révolutionnaires. Ce groupe était le plus nombreux ; il avait l’autorité et gouverna jusqu’à la fin.

Enfin, le troisième groupe, composé d’éléments jeunes singulièrement actifs, audacieux, le groupe blanquiste. Fort peu préoccupé des conceptions cosmopolites et humanitaires des socialistes internationaux, il ne tenait compte que de l’action, ne visait que la victoire présente, et était hostile à un morcellement de l’état politique. Il cherchait, en brisant l’obstacle versaillais, à faire de la Commune de Paris le centre et le pouvoir de toutes les forces révolutionnaires de la nation. Ce groupe, qui comptait Tridon, Rigault, Eudes, Ferré, Vaillant parmi ses membres principaux, se rattachait aux Hébertistes et à la Commune de 1792. Il se souvenait de la façon rigoureuse dont les hommes de la Révolution avaient poursuivi le fédéralisme et châtié les villes séparatistes. Il légiférait provisoirement pour Paris seulement, parce qu’il fallait se soumettre aux circonstances et qu’on était bloqué dans Paris, mais son dessein était bien de donner des lois à toute la France, quand la force le permettrait. Les blanquistes voulaient l’unité et l’indivision de la république, avec la suprématie de Paris.

Ces trois groupes se fondirent en deux lors du fameux vote sur le Comité de salut public, qui divisa la Commune en majorité et en minorité, au commencement de mai.

En votant la séparation de l’Église et de l’État, et les