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AUTRES DÉCRETS ILLUSOIRES

La plupart des premiers décrets rendus par la Commune eurent le même caractère utopique, sans sanction ni réalisation possibles, au moins à l’époque où ils étaient proclamés. On mit en accusation Thiers, Jules Favre, Ernest Picard. Dufaure, Jules Simon et Pothuau. Leurs biens furent placés sous séquestre. À l’exception du petit hôtel de M. Thiers, place Saint-Georges, dont fut votée la démolition, après que le mobilier et les collections le garnissant auraient été transportés au garde-meuble, la mesure était sans portée pour la plupart des ministres, qui n’avaient pas d’immeubles à Paris. Quant à M. Thiers la démolition de sa maison était une gaminerie. Il y avait sans doute un précédent : pendant la Fronde, on avait pris possession de la demeure de Mazarin, saccagé et pillé ses collections. Mazarin s’était remboursé par la suite. Thiers de même se fit reconstruire un hôtel plus vaste et plus confortable, aux frais des contribuables. Quant à la mise en accusation dont ils étaient l’objet, les ministres, délibérant derrière les canons alignés sur la place du Château, et protégés par les 130,000 hommes de troupes espacés entre Versailles et Paris, devaient la considérer comme une pure plaisanterie, ce qu’elle était.

SÉPARATION DE L’ÉGLISE ET DE L’ÉTAT

La Commune rendit un décret, excellent en principe et qui est aujourd’hui devenu une loi de la République, prononçant la Séparation de l’Église et de l’État et la suppression du budget des cultes. Le décret déclarait propriétés nationales les biens des congrégations religieuses. Une