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leur être dues comme chefs des combattants. Le Comité Central qui, durant les premières journées, se montra si disposé à négocier, qui se laissa si facilement duper par M. Thiers lors des pourparlers avec les maires, fut, dès les premières hostilités, la Commune étant installée, le véritable directeur des bataillons. Il se montra ainsi le continuateur du mouvement du Dix-Huit mars. Tout entier à son rôle insurrectionnel, il agit et ne pérora guère. Il fut au combat et non à la tribune. Le Comité Central, dont l’histoire officielle cesse au 26 mars avec l’élection des conseillers municipaux, prend, à partir du 2 avril, une importance considérable. Comme il est la force militaire organisée, comme il se bat et lance des combattants, il est le véritable pouvoir. Avec lui est l’espoir, c’est de lui que dépend le salut. C’est donc à lui que revient tout l’intérêt, et aussi toute la grandeur de la lutte. La Commune, malgré le talent de plusieurs de ses membres, malgré l’excellence de ses intentions, passe au second plan. Elle n’est plus, pour l’observateur distant et impartial, qu’une réunion de philosophes, de réformateurs, de théoriciens de la révolution et de précurseurs du socialisme organisé. Or c’est d’une armée que dépend le maintien des avantages déjà obtenus pour les travailleurs, et l’avènement de la société future. Ce n’était ni par des formules, ni par des décrets, que la révolution du Dix-Huit mars pouvait devenir une révolution sociale, c’était par l’obus.

Ceux qui tiraillaient dans les tranchées, qui défendaient les forts, qui gardaient les remparts, qui commandaient les artilleurs et servaient les pièces, ceux qui marchaient avec les compagnies à l’attaque des positions, à l’assaut des villages crénelés, ou qui rassemblaient les bataillons déployés à travers les plaines de Clamart, de Montrouge, les rues d’Issy ou de Levallois, ralliaient les tirailleurs battant