une secrète résistance, l’influence et la surveillance des membres du Comité Central. Rossel, un instant, parut vouloir tenir tête au redoutable Comité. Il parla même du peloton d’exécution qui attendait dans la cour du ministère, à l’intention des plus turbulents de ses membres. IL finit par céder. Un des officiers de l’État-Major, approchant quotidiennement Rossel, et bien placé pour observer ce qui se passait au ministère, a donné ce renseignement intéressant sur les rapports du Comité et du délégué à la guerre :
Rossel, ayant accepté l’adjonction d’un Comité de la guerre, s’imagine avoir la paix intérieure ; il a compté sans le Comité Central. Cette assemblée-phénix, qui, dorénavant sans objet et sans mandat, a, solennellement hypocrite, déclaré le 26 mars qu’elle se retirait devant les élus, les mandataires réguliers du peuple, elle subsiste pourtant, renouvelée en secret, tient d’obscurs conciliabules, et n’a pas renoncé un seul jour à jouer le premier rôle.
Elle intrigue dans les municipalités. Un de ses comités, sous prétexte de surveiller les légendaires canons de Montmartre, détient l’artillerie au grand dommage de la défense. Volontiers elle se serait, plus tôt et plus intimement, immiscée dans les affaires de la guerre, mais l’influence révolutionnaire de Cluseret l’en a éloignée. Astucieusement dirigée par Edmond Moreau elle revient à la charge sous Rossel. Très entouré, accablé d’avis, le nouveau délégué à la guerre est invité à partager le pouvoir avec les véritables représentants du peuple. On lui représente qu’il trouvera, dans l’adjonction du Comité Central, un supplément d’autorité, de prestige. Il cède, il croit habile de paraître persuadé ; il espère balancer l’hostilité sourde de la majorité de la Commune, par la sympathie intéressée qui lui est offerte. Il se pressa même.
Le 4 mai, comme par une illumination subite, il informe la Commune qu’il va « mettre en pratique le concours complet du Comité Central de la Fédération de la garde nationale, pour les services administratifs et pour la plus grande partie des services d’organisation dépendant de la délégation. La séparation des pouvoirs lui semble indispensable pour le recrutement du personnel.