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des fédérés que se produisit le recul, jusque sous les murs de Paris.

Parce que cette sortie nécessaire avait été mal organisée, parce qu’elle s’était transformée en déroute, et non en mouvement définitif en avant, devait-on, à l’avenir, condamner toute opération offensive et se borner à la défense de la cité et des ouvrages suburbains les plus proches ? Cette opinion prévalut d’attendre désormais les versaillais, comme on avait attendu les prussiens durant le premier siège. L’effet fut également désastreux de cette tactique contraire au tempérament français. On imita même la sotte inertie des chefs du siège de Paris, qui avaient négligé la guerre si efficace de mine et de sape, avec de fréquentes sorties sur des points donnés, jamais les mêmes. Il y eut, surtout durant les premières semaines, de brillants combats à Neuilly, à Asnières, à Issy, à Montrouge, et des efforts héroïques furent tentés pour rompre la ligne d’investissement. On n’y put parvenir. Eût-on même réussi, sur un point isolé, à forcer le blocus de l’ouest et du sud, qu’on n’eût trouvé au delà aucune armée de secours ; les fédérés poussant en avant se seraient alors perdus au milieu de la province indifférente ou hostile, et l’Assemblée fût demeurée invulnérable au milieu de son formidable camp retranché. On s’était laissé enfermer dans une ratière, il fallait y périr.

Puisque le plan de Cluseret, que ses successeurs furent bien forcés de conserver étant bloqués, consistait à « attendre », puisqu’on prévoyait la guerre de barricades, le combat de rues et de maisons, devait-on retarder cette défense jusqu’à ce que les forts fussent pris ou réduits au silence, et les portes de Paris prises ou livrées ? n’était-il pas d’une stratégie élémentaire de constituer en hâte une seconde zone fortifiée, en arrière de la première, puis de multiplier