certainement, puisqu’ils étaient en uniforme et armés, mais ils ne combattaient pas, et loin de leur corps, de leur compagnie, ils ne devaient même pas être considérés comme opérant une reconnaissance. On pouvait plutôt les prendre pour des déserteurs. Ils furent sur-le-champ fusillés, sous les yeux et par ordre de Galliffet.
Cet exécuteur sans scrupules montra en cette circonstance une certaine prudence. Il voulut motiver son acte impitoyable et inutile, et parut visiblement préoccupé de donner une apparence de légalité militaire à cet assassinat ordonné froidement. Il rédigea aussitôt une proclamation, qu’un historien de la Commune qualifia de « plus digne d’un officier américain traquant des Peaux-Rouges que d’un général français combattant des Français ». (Fiaux.) La voici :
La guerre a été déclarée par les bandes de Paris.
Hier, avant-hier, aujourd’hui, elles m’ont assassiné mes soldats.
C’est une guerre sans trêve ni pitié que je déclare à ces assassins. J’ai dû faire un exemple, qu’il soit salutaire : je désire ne pas être réduit de nouveau à une pareille extrémité. N’oubliez pas que dans le pays, que la loi, que le droit par conséquent, sont à Versailles et à l’Assemblée nationale, et non pas avec la grotesque assemblée de Paris, qui s’intitule Commune.
Cette proclamation fut rédigée par le général, à la mairie, en présence de la Commission municipale de Chatou. Il voulut l’associer à ses excès de pouvoir. Fusiller sommairement des hommes qui n’étaient pas pris les armes à la main, presque des promeneurs, était peut-être un acte qu’on blâmerait à Versailles, où les pékins dominaient, et se permettaient de commander les généraux. Galliffet