Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sabrant, en pendant des prisonniers, ennemis sans doute, mais qui étaient aussi des patriotes, coupables de défendre leur pays.

Chargé le 3 avril de surveiller la rive droite de la Seine, il était descendu de Saint-Germain-en-Laye sur Chatou, avec deux escadrons de chasseurs et de l’artillerie. Ce mouvement était combiné pour le cas imprévu d’une attaque de ce côté par les fédérés, franchissant la Seine entre Rueil et Bougival, ou venus d’Asnières par Bezons. En côtoyant la Seine, sur sa rive droite, notamment à la hauteur des ponts détruits de Bougival, les chasseurs firent le coup de feu dans la direction du quai Sganzin et de la rue de Versailles. Là, une avant-garde de fédérés avait occupé une barricade élevée par les prussiens, à la tête du pont, et qui n’avait pas été démolie. Nous avons dit qu’à Chatou, où à tort l’on a indiqué le passage de Flourens, quelques gardes nationaux de l’armée de Bergeret, venus de la gare de Rueil, après avoir traversé la rivière dans une barque qu’ils s’étaient procurée, avaient rôdé dans la matinée. Ces hommes avaient-ils l’intention d’éviter les dangers du combat, de s’écarter de Rueil où l’on se battait, ou bien obéissaient-ils à leur humeur aventureuse, peut-être au désir de rencontrer une guinguette où vider un litre en cassant la croûte, pendant que l’affaire se dessinerait là-bas, dans la plaine de l’autre côté de l’eau, où les obus tombaient ? Ils avaient passé la rivière sans ordres et de leur propre initiative. Ils payèrent cher leur vagabondage. Trois de ces isolés furent surpris, errant dans les rues de Chatou, par des éclaireurs de Galliffet. On les conduisit aussitôt devant le fringant général. Ils avaient leurs fusils, sans doute, mais ne paraissaient nullement avoir l’intention de s’en servir. Ils ne pouvaient avoir la prétention, ni même l’idée de défendre Chatou à eux trois. C’était donc des combattants,