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presqu’ile de Gennevilliers, c’est-à-dire en marchant du nord vers l’ouest. Il n’avait à se préoccuper de ce côté ni du Mont-Valérien, ni des troupes qu’aurait pu envoyer Versailles. La route était devant lui entièrement libre, et la Seine, qui fait une boucle énorme d’Asnières au pont de Chatou, le couvrait au nord. En prenant cet itinéraire, le plus long, on évitait l’encombrement qui devait se produire au pont de Neuilly, puisque ces troupes n’avaient pas à traverser la Seine. Flourens devait faire sa jonction dans la journée, avec Bergeret qu’on supposait devoir être alors très rapproché de Versailles. Il l’opéra, cette jonction, appelé en hâte par Bergeret menacé d’être enveloppé, mais quand déjà la brigade Grenier débouchait sur les crêtes, prête à descendre sur Rueil, dégageant les chasseurs de Galliffet, qui alors parcouraient la plaine et sabraient les fédérés avancés sur la route vers Bougival. Flourens ne put qu’arrêter la débandade, contenir les troupes versaillaises et permettre la retraite sur Asnières et Neuilly. C’était trop tard.

Gustave Flourens est resté certainement la figure la plus sympathique de l’époque. Aux républicains de son temps, il inspira de l’admiration, de l’enthousiasme même ; aux adversaires politiques, il imposa le respect ; quant à la postérité, qui pourrait se montrer plus sévère, jugeant avec moins d’indulgence sa mobilité d’esprit et son incertitude dans l’action, elle témoigne généralement d’une grande estime pour cet exalté, vaillant et loyal. Il perpétue à ses yeux le type légendaire du parfait chevalier français, avec ses défauts et ses admirables dons. Il est de la lignée des Bayard, des Barbès, et, ajoutons-le, bien qu’il fût dans un camp différent, de Paul Déroulède. Les âmes toujours sèches et les cerveaux gelés raillent, en ces hommes de foi et d’aventures généreuses et toujours désintéressées, ce qu’ils