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fiance parmi les gardes nationaux. Cet enfant du désert, tout en risquant sa vie, en fut pour sa fantasia.

Nous courûmes bride abattue, vers la porte Maillot, pour empêcher les fuyards de rentrer dans Paris où un grand nombre avaient déjà pu pénétrer. Au dedans, je trouvai quelques bataillons. En remontant l’avenue de Courbevoie, je ramassai les gardes isolés et reformai une colonne, rassemblant tous ceux qui n’avaient pas voulu rentrer dans Paris. On se dirigea vers Asnières le long de la Seine. Le fort du Mont-Valérien essayait de nous poursuivre de ses obus, mais il ne put nous atteindre. Lorsque nous arrivâmes à Asnières, Brunel et Rabuel y étaient déjà. Après quelques minutes de repos je pris la résolution de rejoindre la colonne de Flourens, qui avait opéré de ce côté. Nous arrivâmes à Bois-Colombes. Nous vîmes revenir des bataillons. Nous leur demandâmes où était le général ? On nous répondit : Il est eu avant ! au moment de continuer notre marche sur Rueil, Bergeret m’envoya l’ordre de battre en retraite sur Asnières. Je suis resté un instant indécis, me demandant si je devais exécuter cet ordre. Etait-il sage d’abandonner le village de Bois-Colombes, dans lequel des barricades auraient pu être élevées ? Ne devait-on pas profiter du terrain que nous possédions ? Mais comme mes pouvoirs n’allaient pas jusqu’à m’emparer du commandement, j’obéis.

À mon arrivée à Asnières, je trouvai Bergeret et je causai avec lui de ce mouvement. Il m’avoua qu’un espion était veau l’avertir que le général de Galliffet, à la tête des chasseurs d’Afrique, marchait sur nous. De l’infanterie suivait. Il ne croyait pas qu’on était en état de soutenir cette attaque. Il est vrai que les gardes nationaux depuis la veille étaient debout, et il était près de quatre heures et demie quand on fut prévenu de la marche de Galliffet. Mais il y avait des bataillons dévoués qui n’avaient pas bronché, et, à l’abri des barricades, on aurait tenu tête et conservé nos positions. On rentra dans Paris. Quelques troupes furent laissées au pont de Courbevoie.

(Maxme Lisbonne. — Souvenirs inédits, ch. VIII.)

Ainsi, pour la première colonne, dès le matin, l’échec était complet. Elle était arrêtée dans sa route, coupée, dispersée et se repliait en désordre vers Paris. Le feu du Mont-