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le royaliste Dillon, put écarter Eudes, dont le passé et la foi républicaine l’effrayaient en lui paraissant plutôt compromettants.

ÉMILE DUVAL

Avec Bergeret et Eudes, Émile Duval commandait en chef l’armée fédérée le jour de la grande sortie. Émile Duval avait trente ans. Il était né en Normandie. Fondeur en fer, et très apprécié dans l’industrie métallurgique, il était venu à Paris de bonne heure. Il participa aux grèves de sa corporation, dont il fut secrétaire, puis président. Il faisait partie de l’Internationale, et fut, pour affiliation à une société secrète, condamné à quinze mois de prison, lors du procès de 1867. Il fut ensuite impliqué dans le procès de Blois et condamné à deux mois de prison. Pendant le siège, il était officier dans la garde nationale. Tout dévoué à Blanqui, ayant acquis une grande autorité sur ses camades les fondeurs et une influence considérable dans la garde nationale de son arrondissement, il constitua des comités et des sous-comités parmi les bataillons du XIIIe (les Gobelins). Cet arrondissement fut ainsi organisé d’une façon révolutionnaire toute particulière. Le XIIIIe avait une discipline et une cohésion qui lui donnèrent une grande importance dans les divers événements qui suivirent le Dix-Huit mars, relatés plus haut. Président du comité de vigilance du XIIIIe, Duval, lors de l’arrestation du général Chanzy, joua un rôle important, et l’on sait quelle résistance il opposa au maire Léo Meillet et même au Comité Central, dont il faisait partie, lorsqu’il s’agit de la mise en liberté du général. Il voulait garder Chanzy de peur de lui voir prendre le commandement des troupes contre Paris. Duval, en blanquiste émérite, avait occupé la préfecture de