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des routes aux pentes raides environnées de bois, montant au-dessus de Rueil, de Bougival et de la Celle-Saint-Cloud.

La sortie n’était pas imprudemment décidée. Il n’y avait qu’à en fixer l’échéance. La date ne devait pas en être trop éloignée. Plus on différait le choc, plus on le rendait hasardeux. Tout en ne soupçonnant pas la hâte fébrile et la merveilleuse activité, avec lesquelles M. Thiers avait rassemblé des troupes, embrigadé les rapatriés d’Allemagne, et restauré, au physique et au moral, ces hommes délabrés et désorbités, les généraux de la Commune savaient que des renforts survenaient à Versailles tous les jours, et que les Allemands faciliteraient de leur mieux la reconstitution de l’armée impériale. Il ne fallait pas attendre que toutes les forces dont Napoléon III et Bazaine ne s’étaient pas servis fussent reconstituées et prêtes à entrer en lignes. Se hâter de prendre l’offensive était, au point de vue militaire, le meilleur. Quand la Commune aurait battu les troupes rassemblées déjà autour de Versailles, elle se porterait au devant des renforts attendus ou en voie d’organisation, et dans cette série de combats contre des fractions d’armées, aux éléments désorganisés et démoralisées, elle aurait certainement l’avantage. Ceci n’était ni mal raisonné, ni téméraire ; et l’attaque sur Versailles des trois côtés à la fois, devait forcer ses défenseurs à éparpiller leurs forces.

Avec toutes leurs troupes massées, offrant un avantage numérique sur les corps versaillais fractionnés, les fédérés eussent attaqué ceux-ci successivement, sans leur permettre de se rejoindre. Les généraux versaillais, obligés de faire face à Duval au sud, à Eudes au sud-ouest, à Bergeret à l’ouest, et à Flourens au nord-ouest, dans la nécessité alors de découvrir Versailles, quartier général et siège du gouvernement, eussent été probablement culbutés séparément,