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à la victoire, c’étaient là des idées familières à la foule. Cette croyance à l’écluse populaire lâchée remontait à l’époque des clubs, durant le siège des prussiens. On allait donc enfin l’effectuer cette fameuse sortie torrentielle dont il avait été si souvent question, et qui avait abouti à la sanglante mêlée de Buzenval, lamentable mystification organisée par Trochu, le 19 janvier. Et cette immense cohue de parisiens confiants et braves, tous impatients de combattre, fût-ce en désordre et à l’aventure, tous se pressant, se bousculant pour être des premiers à franchir l’enceinte, dès que le pont-levis enfin s’abaisserait, était conduite par l’Espoir, général en chef entraînant, mais trompeur.

PLAN DES GÉNÉRAUX FÉDÉRES

Donc, premier point établi : la grande sortie du 3 fut combinée, préparée par les généraux, mais brusquée par les événements, commandée par la foule. Elle fut l’œuvre inconsciente de stratèges anonymes. Libres d’agir à leur heure, les trois chefs eussent achevé leurs préparatifs et choisi le moment le plus favorable, c’est-à-dire la mise en mouvement au milieu de la nuit, Versailles, où l’on ne s’attendait pas à une attaque, surpris à la faveur des ténèbres, eût été atteint, envahi à l’aube. On évitait ainsi le Mont-Valérien. Les généraux furent-ils imprudents et trop pressés, quand, depuis quelques jours, ils préparaient cette sortie devant avoir lieu à bref délai ? Non ils ne furent point hâtifs, au contraire. On n’avait que trop attendu pour agir. Les négociations du Comité Central, les élections, l’installation de la Commune, avaient laissé échapper des journées précieuses. M. Thiers les avait mises à profit. Les officiers qui avaient parcouru les avant-postes les jours précédents voyaient s’avancer les éclaireurs, et les