une porte. Ils ne s’emparèrent que des positions devenues intenables et préalablement évacuées, comme le fort d’Issy et le Point-du-Jour. Ils ne furent finalement vainqueurs, sans parler de l’aide efficace de la trahison, qu’à la suite de la lassitude et de la négligence des assiégés : la vigilance des défenseurs de l’enceinte s’étant assoupie de jour en jour. On ne croyait plus à un assaut sans cesse annoncé, toujours reculé. Tout le talent stratégique de Mac-Mahon et de ses lieutenants se borna à profiter de l’impossibilité où se trouvaient les insurgés, n’étant pas renforcés, de combler, après chaque combat, après chaque escarmouche, les vides faits dans leurs rangs. Leurs bataillons se trouvaient aussi de plus en plus clairsemés, de jour en jour par la défection individuelle, conséquence de la prolongation d’une résistance avant dépassé toutes prévisions. Les réserves d’énergie d’un peuple en révolution s’épuisent fatalement. Elles avaient duré extraordinairement, bien au delà des trois journées de fièvre, de vaillance et de sang, que les insurgés précédents mettaient au service de leur cause.
Mais à la date du 3 avril, comme généraux et comme forces disponibles, les conditions de la lutte n’étaient pas encore déséquilibrées. La sortie ne constituait donc pas un acte déraisonnable, ni une témérité, encore moins une faute grave. Elle était attendue, réclamée par tous les bataillons. A-t-elle été insuffisamment préparée ? C’est incontestable. Les bataillons se mirent en route sans artillerie, sans prolonges ni caissons, sans ambulances ni fourgons de vivres. Les éclaireurs firent défaut, et l’on n’avait prévu ni réserves échelonnées, ni troupes de soutien pouvant remplacer à propos les combattants de première ligne. La sortie fut-elle trop hâtive ? Puisqu’on avait laissé passer la première heure, celle de la surprise, du désarroi du