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1893, 1898. Son rôle fut insignifiant à la Chambre. Il est mort en 1900.

LA GRANDE SORTIE

La grande sortie du lundi 3 avril, point de départ de la lutte sanglante devant aboutir à la prise de Paris et à l’impitoyable répression, fut-elle une faute politique ? Peut-on la considérer aussi comme une opération militaire téméraire et absurde ? L’opinion affirmative a prévalu. Elle mérite vérification. La déroute, qui fut le résultat de la marche sur Versailles, a certainement influencé les jugements. Mais à la guerre, le succès est souvent un accident. On ne saurait changer les faits, mais on peut, quarante ans écoulés, les hommes mêlés à l’action en grande partie disparus et les passions apaisées, apprécier plus justement les causes qui les ont amenés.

Pour les combats des 3 et 4 avril, il est facile de faire retomber la responsabilité de l’échec sur l’incapacité des généraux improvisés qui ont cherché, qui ont décidé la grande sortie, et qui l’ont conduite. Or, de l’examen attentif de la situation, il résulte que ces généraux d’insurrection ne furent pas si incapables qu’on l’a dit et n’étaient point libres d’agir autrement qu’ils l’ont fait. Il leur était difficile, après l’échec inattendu du dimanche 2 avril, de ne pas diriger les combattants parisiens sur Versailles, et le plus tôt qu’il serait possible. Ils n’étaient pris au dépourvu que pour la date immédiate, car ils avaient combiné habilement, et selon les meilleures données militaires, ce mouvement offensif, Il était susceptible de réussir. Deux faits cependant furent négligés, d’une importance décisive, capables, si l’on en eût tenu compte, de changer le résultat de la sortie. Ces deux facteurs ne peuvent servir à faire considé-