cependant, qui ne permettait pas de considérer la révolution du Dix-Huit mars comme le point de départ d’un régime régulier et durable. Les pouvoirs sortis des coups de force de 1830, de février 1848, de décembre 51, dispersant des gouvernements établis et se substituant à eux, avaient été acceptés, acclamés ou subis, par la France entière. La Commune, au contraire, eut, dès son premier jour, sa légitimité originelle contestée, et vit son autorité méconnue en dehors de l’enceinte de Paris et des localités suburbaines immédiates. De plus, elle avait en face d’elle une Assemblée et un gouvernement qui représentaient pour la majorité du pays, l’autorité légale, le pouvoir national. Sa situation était donc neuve, exceptionnelle et périlleuse.
Ainsi la Commune ne pouvait être et ne fut jamais qu’un pouvoir insurrectionnel, au domaine restreint, à l’autorité combattue. On a pu lui reprocher d’agir comme un gouvernement ordinaire, mû par des rouages compliqués et dociles, comme si elle en avait à sa disposition tout le mécanisme traditionnel. Elle s’efforça de légiférer, d’administrer, alors que son rôle devait consister à briser la résistance versaillaise, à attirer ou à dominer la démocratie des départements, enfin, à préparer l’avènement et l’organisation de la Révolution sociale. Sans la victoire complète sur Versailles, sans l’approbation expresse ou tacite des départements, sa défaite plus ou moins retardée était certaine. Les fautes qu’elle put commettre par la suite, les faiblesses, les violences qu’on lui a imputées, les divisions signalées parmi ses membres, ne furent que les causes secondaires de son écrasement. Eût-elle administré avec la sagesse légendaire de Solon ou de Lycurgue, avec la prudence et l’énergie du sénat romain, qu’elle n’eût pas évité la chute finale. C’est une erreur d’optique et de jugement que de voir seulement dans l’assemblée parisienne une cohue