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Mon premier pas, dit-il dans ses Mémoires, fut un faux pas, Tout le monde m’affirmait qu’il y avait des compagnies de marche qu’il suffisait de rappeler pour avoir immédiatement un noyau d’une vingtaine de mille hommes, capables de servir de base à la formation d’une armée active. Je crus tout le monde, et quand mon décret sur le rappel des anciennes compagnies fut lancé, je m’aperçus qu’il n’y avait rien.

(Mémoires, p. 55.)

Convoquer des compagnies qui n’existaient pas, ce fut à peu près toute l’œuvre du nouveau délégué à la Guerre. Il aurait pu faire davantage, tout en admettant en partie ses affirmations réitérées sur le défaut d’organisation de l’armée en général et sur l’insuffisance du plus grand nombre des officiers. Il a toutefois rendu justice à la bravoure, souvent inutile, de ceux-ci, et n’a pu que reconnaître la ténacité et l’entrain des hommes. Malgré une expérience indiscutable et des qualités d’organisateur, et même de tacticien, remarquables, il demeura, durant le temps relativement long où il exerça le commandement, au-dessous de la tâche qu’il avait acceptée avec empressement, après l’avoir ardemment briguée. Il parut s’en désintéresser. Il est difficile de lui reprocher de n’avoir pas obtenu la victoire, on peut l’accuser de ne pas l’avoir cherchée. Pour se disculper, par la suite, il s’est répandu en récriminations, en plaintes et en critiques, presque toujours excessives ou mal fondées, contre ses subordonnés, surtout contre tous les généraux qu’il eut sous ses ordres. Il y en avait pourtant parmi eux, comme Wrobleski, La Cécilia et Dombrowski, qui avaient fait leurs preuves, et dont il ne pouvait nier ni la capacité professionnelle, ni l’intelligence. Obligé de rendre justice au brave Dombrowski, il ne s’y résout qu’avec des réticences et des réserves injustes, souvent injurieuses :