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ses talents, et ses désirs ambitieux n’entrevoyaient aucune carrière avantageuse dans cette guerre malheureuse. Il crut un instant, il est vrai, gouverner tout le midi. Il se voyait déjà dictateur dans le sud séparatiste. Il dut rabattre de ses prétentions et renoncer à ses espérances. Il retourna à Paris, mais ne joua qu’un rôle secondaire dans les événements du 18 mars. Il demeura toutefois en rapports suivis avec les chefs de l’Internationale. Il eut soin de rappeler ses relations en Angleterre, sa propagande en France dès son retour, et inspira une grande confiance au point de vue militaire, à plusieurs membres du Comité Central. On se souvint de lui le 2 avril, à la suite de l’inquiétude éprouvée, quand le désarroi qui s’était produit à Courbevoie fit douter la Commission exécutive des capacités de ses généraux, braves mais novices. La panique de la matinée du 2 avril décida la Commission à confier immédiatement la direction des opérations militaires à un officier professionnel, ayant fait ses preuves. La grande sortie du lendemain pressait la Commission d’agir. Aussi, le même jour, dans l’après midi, la nomination de Cluseret était-elle signée, et le soir même, le dimanche 2, il prenait possession du ministère de la guerre, mais il ne fut réellement à la tête des armées de la Commune qu’après le 4 avril.

Durant son ministère, ses diverses mesures de réorganisation ne furent pas toutes excellentes ni pratiques. Ainsi il appela au combat les compagnies dites de marche, qui n’existaient pas, et sépara les plus jeunes gardes nationaux des aînés, ce qui était une conception erronée : il privait ainsi les bataillons des vieux républicains, c’est-à-dire des éléments les plus solides, les plus sûrs. Il ne connaissait ni les parisiens, ni la garde nationale. Il a reconnu lui-même cette faute.