Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ERREUR ET ILLUSIONS

L’insurrection, pour les parisiens, paraissait terminée avec l’accord des maires, le vote et la constitution de la Commune de Paris. Les combattants avaient bien gardé leurs fusils chargés, mais ils espéraient que la Commune ne leur commanderait pas de s’en servir. On avait repris possession des canons de Montmartre, et des pièces étaient aussi disposées sur d’autres points stratégiques, mais nul ne souhaitait les entendre tonner. On avait été assez longtemps assourdi par l’artillerie. On respirait comme au sortir d’un long et pénible hiver, tout à la joie du soleil revenu, et l’on ne redemandait pas l’ouragan. Paris était tranquille ; il attendait la reprise, nou des hostilités, mais du travail. L’opinion s’affirmait optimiste. On était persuadé que la nomination d’une assemblée municipale mettrait fin au conflit, jusque-là jugé imminent, et ramènerait le cours normal de l’existence. Cette croyance tenait en haleine la cité. Heureusement, la révolution n’avait pas été sanglante ! Un ordre de choses nouveau, sans combat intérieur, sans violences, était donc possible. Il serait inauguré dès la Commune installée à l’Hôtel-de-Ville, les chefs des insurgés l’ayant quitté, empressés à se démettre de leurs pouvoirs désormais sans objet.

L’insurrection, le Comité Central, c’était le passé : le présent, et sans doute aussi l’avenir appartenaient à la Commune de Paris. Une joyeuse clarté d’aube illuminait toutes choses.

Le gouvernement communal s’était promptement constitué. Il ne semblait pas différent, quant aux origines, des régimes précédents, étant né, comme eux, au milieu d’événements insurrectionnels. Une différence profonde existait