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Je débutai, dit-il, par la plus forte déconvenue qui pût m’atteindre. Eudes m’apprit qu’en compagnie de ses collègues en généralat, Bergeret et Duval, ils avaient, à l’insu du Comité exécutif, décidé un mouvement général sur Versailles. Tant d’ignorance, d’outrecuidance et de présomption atteignent presque à la hauteur d’un crime… Je voulus m’opposer au mouvement, mais Eudes me représenta que c’était impossible, que les ordres étaient donnés, que les troupes devaient déjà commencer le mouvement. Il pouvait être alors dix heures du soir.

(Mémoires du général Cluseret, t. I, p. 41, Paris, 1887, J. Lévy, édit.)

C’était donc le dimanche soir. Le lundi soir Eudes n’eût rien eu à apprendre au délégué, puisque déjà les fédérés étaient battus et en déroute, à Rueil, Nanterre et Meudon. Cluseret devait désapprouver un mouvement qu’il n’avait pas commandé, et était porté à critiquer un plan dont il n’était pas l’auteur. Il déclare qu’il résolut d’assister à la sortie qu’on lui annonçait aussi inopinément, tant pour se rendre compte que pour parer, s’il était possible, à un désordre qu’il prévoyait, On ne saurait le rendre responsable de la déroute survenue. Toutefois il avait pris le pouvoir assez à temps (c’est pour cela que la rectification de l’erreur de date des Mémoires, signalée plus haut, a son importance), pour pouvoir s’assurer, avant de laisser les bataillons passer sous les canons du Mont-Valérien, que cette forteresse était acquise, et que son commandant ne tirerait pas. Bien que la sortie eût été décidée avant lui, et sans son approbation, bien qu’elle ait été dirigée par les trois généraux qui en avaient pris l’initiative, et qu’il n’ait assisté que comme juge et surveillant au combat, Cluseret a sa part de responsabilité dans l’échec.

Mais il encourut par la suite d’autres responsabilités, et son rôle à la délégation à la Guerre ne répondit pas à l’attente et à la confiance de la Commune, qui estimait avoir