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un espoir différé, soumis aux circonstances parlementaires et politiques, comme la fusion et le recrutement d’une majorité royaliste, après que l’on aurait vaincu et désarmé Paris. Cette conspiration était latente et subordonnée aux événements. Les lignards de Vinoy, les chasseurs de Galliffet et les gendarmes de Valentin ne se battaient pas pour Chambord ou Orléans, et c’était une sottise que de prétendre que les gardes nationaux de Courbevoie avaient été attaqués, mis en déroute et massacrés par les chouans de Charette, les vendéens de Cathelineau et les bretons de Trochu ! Cette évocation des guerres de la première république était plutôt ridicule. Le pont de Neuilly et l’avenue de Saint-Germain n’étaient pas le Bocage, et ce trémolo de l’Ambigu ne pouvait émouvoir personne. En proclamant que son devoir était de défendre la grande cité parisienne, la Commission exécutive ne s’avançait pas témérairement, mais invoquer la surprise, se retrancher derrière la défensive, à la première heure, à la suite d’une escarmouche défavorable, ce n’était ni l’attitude qui convenait à la Commune, ni le langage que les bataillons frémissants étaient en droit d’attendre de leurs chefs.

MOUVEMENTS DANS PARIS

Les nouvelles de la journée cependant étaient parvenues, dans la soirée, à Belleville, à Montmartre. Aussitôt, au milieu de la surexcitation générale, sans attendre d’ordres, sans en vouloir même, on avait pris les armes ; ou s’était rassemblé et des colonnes improvisées étaient descendues, au hasard, vers les fortifications, se dirigeant, à l’aventure, du côté de Neuilly et de la porte de Versailles. Le rappel était battu, le clairon sonnait, les compagnies se formaient, tout cela sans aucun ordre régulier. La Commune n’était