Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/190

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la Concorde, le 218e bataillon, qui revenait de Courbevoie, dut s’arrêter pour laisser passer les pièces envoyées à la Porte Maillot. Ces gardes nationaux racontèrent alors à la foule amassée qu’ils avaient été à peu près 2,000 hommes pour garder le rond-point de Courbevoie, la caserne, le pont du chemin de fer, l’avenue de Saint-Germain et le pont de Neuilly. Ils ajoutèrent que leur mission consistait seulement dans la surveillance de la route nationale, No 13, qu’ils auraient dû probablement par la suite être dirigés sur le Mont Valérien, mais qu’ils n’étaient, pour la plupart, armés que de fusils à piston, et n’avaient chacun que douze cartouches. Assaillis brusquement, ils avaient été contraints de se replier. Tous se promettaient de bientôt revenir en forces, mieux pourvus de munitions, avec de l’artillerie, et de prendre leur revanche !

Ce fait d’envoyer au devant de l’ennemi des hommes non munis d’armes à tir rapide, et n’ayant qu’un nombre bien restreint de coups à tirer, prouve que Bergeret, en dirigeant ces bataillons au delà du pont de Neuilly, n’avait voulu tenter qu’une simple reconnaissance sur la route du Mont-Valérien. Il ne prévoyait pas, et ce fut son tort, que cette reconnaissance dût se changer promptement en engagement meurtrier.

Tandis que Bergeret « lui-même » se rendait en voiture vers le pont de Neuilly, pour se rendre compte de la situation et inspecter le lieu où la collision s’était produite, la Commission exécutive se réunissait. Elle rédigea et fit immédiatement afficher la proclamation suivante :

À la garde Nationale de Paris.

Les conspirateurs royalistes ont attaqué.

Malgré la modération de notre attitude, ils ont attaqué.