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Le 74e alors, croyant les fédérés dispersés, s’élance sur la barricade, mais un feu vif le reçoit et l’oblige à battre en retraite sur la route No 13, en arrière des trois pièces en batterie qui, ainsi abandonnées, auraient pu être enlevées. Le 113e, qui cheminait dans Courbevoie, se hâte au bruit de la fusillade, il s’empare de la caserne de Courbevoie, emporte des barricades peu sérieuses, avec l’aide des fusiliers marins. Il permet ainsi au 74e de se rallier, de dégager les trois pièces abandonnées et de réoccuper le rond-point aujourd’hui dit de la Défense. Les pièces d’artillerie reprises sont amenées jusqu’à ce rond-point, et, dominant la route qui descend vers le pont, la balayent. Les versaillais tiennent alors Courbevoie. Ils sont de plus maîtres de la route du pont et menacent Neuilly. Les fédérés se débandent, traversent le pont en désordre et se répandent sur l’avenue de Neuilly, où les marins et les chasseurs les poursuivent jusqu’auprès des fortifications. Mais des remparts et de leurs avancées une fusillade nourrie les accueille, les oblige à se replier vers Courbevoie et la route de Saint-Germain.

Les bataillons fédérés, le 73e, le 118e et le 119e, du quartier du Panthéon, furent surtout éprouvés dans cette déroule. Le commandant du 118e fut tué, son bataillon perdit plusieurs hommes. Il y eut aussi quelques civils tués ou blessés dans l’avenue de Neuilly, des habitants de cette localité surpris, vaquant à leurs occupations journalières ou sortis en curieux. Un pensionnat, dont les jeunes filles venaient de la messe des Rameaux, passait au travers de la fusillade aux abords de l’église ; une des jeunes pensionnaires fut tuée. Des obus tombèrent dans une maison située près de la gare du chemin de fer de ceinture Porte-Maillot, dans Paris même. À deux heures, l’action était finie. Les fédérés regagnant cette porte ne furent pas