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de Neuilly, formant dans cette traversée une voie superbe, pavée, d’une largeur considérable, avec deux contre-allées plantées d’arbres, bordée de maisons et de villas, à droite et à gauche. Des deux côtés des contre-allées s’étend un trottoir avec des boutiques très rapprochées, et, çà et la, de petits hôtels, des jardins, des hangars, espacés sur une grande partie du parcours. Là, pendant cinq semaines, la lutte fut acharnée. La route, à plus de trois kilomètres de l’enceinte fortifiée, est barrée par la Seine. Le pont de Neuilly resserre le passage et débouche sur la voie très large formant le prolongement au nord de l’avenue de Neuilly, et montant jusqu’à un vaste rond-point. Là se trouve aujourd’hui le groupe monumental de la Défense Nationale. De ce rond-point partent deux routes principales, l’une à droite conduisant à la caserne et à la ville de Courbevoie, l’autre, la route nationale, à gauche, menant à Nanterre, Rueil, Bougival et Saint-Germain-en-Laye. À huit cents mètres du rond-point de Courbevoie, se trouve un second rond-point, dit rond-point des Bergères, d’où monte, sur la gauche de la route nationale, une route menant au Mont-Valérien, à Suresnes, à la Celle-Saint-Cloud et Garches, en contournant le fort.

Les fédérés, dans la matinée du 2 avril, occupaient Courbevoie, où des barricades insuffisantes avaient été élevées par eux. Une barricade, également rudimentaire et dépourvue d’artillerie, faite de pavés entassés, avec quelques débris de voitures enchevêtrés, barrait l’entrée du pont du côté de Neuilly. La faute fut grave de ne point placer là des mitrailleuses pour protéger la retraite des troupes envoyées en reconnaissance, et de ne point fortifier le rond-point. Les dispositions prises par Versailles étaient au contraire sérieuses et habilement combinées.