Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 3.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LIVRE III

LA GUERRE CIVILE

LA RECONNAISSANCE DU 2 AVRIL

Le 2 avril, le dimanche troisième depuis le 18 mars, était le dimanche des Rameaux. La ville avait son aspect traditionnel. On achetait du buis à la porte des églises. La bénédiction matinale des verts rameaux avait eu lieu comme à l’ordinaire, sous le portail des paroisses, où se pressaient quelques dévotes, marmottant des oraisons, au milieu de marchandes affairées et de camelots impatients se disputant les branches fraîches de la verdure consacrée, évoquant les palmes de l’entrée à Jérusalem, et aussi la cueillette païenne du gui druidique. Le ciel était gris. Des souffles aigres balayaient des poussières en spirales ; la journée s’annonçait maussade. Rien ne pouvait faire prévoir qu’elle dût être sanglante.

Malgré le temps incertain et plutôt hiémal, les parisiens, désireux de voir de l’herbe, impatients de marcher sur un autre sol que le pavé gras des faubourgs ou le bitume humide des boulevards, se promettaient d’aller chercher des violettes à Meudon, de manger une friture à Asnières. Là on serait à l’abri des Versaillais, si, comme on le racon-