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ne devait cesser que le 28 mai, sur les hauteur du Pére-Lachaise et à la dernière barricade, rue Saint-Maur.

Au début d’avril, M. Thiers et l’Assemblée Nationale triomphaient ainsi partout. La seule résistance que le gouvernement devait rencontrer, en dehors de Paris, était toute morale, donc inefficace et parfaitement négligeable. Des motions de conciliation, des délégations bénévoles, des adresses pacifiques, des appels à Versailles, des conseils à Paris, des discours et des articles de journaux, c’était tout ce que la province pouvait faire désormais pour la capitale abandonnée, sacrifiée.

Les départements, tout en montrant, surtout dans le midi, de la défiance envers l’Assemblée usurpatrice, soupçonnée avec raison de préparer une restauration monarchique, ne témoignèrent que d’une sympathie mesurée et conditionnelle envers la Commune de Paris. En réalité, la capitale ne fut pas suivie dans son mouvement, d’abord parce que ce mouvement était local, sans qu’on y vit la participation des élus de la province, des anciens chefs de la gauche connus en dehors de Paris, ayant conservé crédit et popularité dans les départements, ensuite parce qu’il parut surtout patriotique, donc susceptible de provoquer les prussiens et « le faire recommencer la guerre, qu’on était si heureux de voir terminée. Les communards de Paris étaient des « guerre à outrance » inquiétants. S’ils triomphaient, disait-on dans les cités pacifiées, ils ramèneraient les prussiens ! Donc il fallait se garder d’aider ces rebelles contre Versailles. M. Thiers c’était la paix.

Le mouvement parisien, d’un autre côté, ne pouvait entrainer les assemblées locales, ni les habitants, parce que, dès les premiers jours, il s’était dessiné comme révolutionnaire, et la province, dans l’immense majorité de sa population, avait autant que de la guerre, l’effroi de la Révolution.