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tent, acclament les militaires, grisés par les ovations et peut-être aussi par d’autres excitants. De toutes parts, ou réclame la proclamation de la Commune. Les gardes nationaux se portent devant la mairie, somment le maire de se prononcer pour Paris. Le maire refuse. Les gardes nationaux alors aux cris de « Vive Paris ! Vive la Commune ! » décident de se rendre à la gare pour arrêter les trains, où déjà, leur apprend-on, les soldats avaient pris place. Les bataillons de la garde nationale défilent devant la mairie, se rendent à la préfecture, et l’envahissent, pendant que des compagnies se dirigent sur la gare. Le colonel Billet, des cuirassiers, débouche sur la place Saint-Michel avec deux escadrons et ordonne de charger. Des coups de revolver sont tirés des rangs, avant la charge. Les gardes nationaux exaspérés ripostent. Le colonel Billet tombe mortellement atteint. Les cuirassiers aussitôt tournent bride emportant leur colonel. Les gardes nationaux, maîtres de la place de la mairie et de la préfecture, tenant la gare et ses abords, semblent embarrassés de leur victoire. Ils discutent, crient, réclament des ordres, une direction et comme elle manque, et que les ordres sont contradictoires, les compagnies se débandent peu à peu et bientôt la préfecture est abandonnée, ainsi que la gare. La Commune de Limoges n’a donc même pas été constituée. Avec des éléments ardents, mais privée de chefs, sans but défini, sans organisation, et peut-être dépourvue d’enthousiasme, la démocratie limousine renonça, promptement et facilement à organiser la Commune et à imiter Paris. Elle cessa de proposer de marcher à son secours, comme elle semblait en avoir eu l’intention, au début de agitation.