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L’emballement méridional de Digeon, qui sembla faire défaut à presque tous ceux qu’il avait entraînés à l’Hôtel-de-Ville, coûta la vie à trois ou quatre défenseurs de la barricade de la rue du Pont. Ce furent les seules victimes de ces journées plus bruyantes que sérieuses. C’est encore trop pour l’importance que prit la Commune à Narbonne. Tout était terminé le 31 mars, et les seuls dégâts mémorables dans la ville, bientôt pacifiée, furent l’œuvre des turbulents turcos, qui, lâchés dans Narbonne et bien que n’ayant pas été à la chaleur du feu, assoiffés, se grisèrent terriblement et cassèrent quelques vitres pour célébrer la victoire de l’ordre obtenue sans eux.

§ V. — La Commune à Limoges

AGITATION SANS SUITES

Limoges est une ville ouvrière très importante. La cité limousine est, encore, le foyer républicain du centre. La Commune ne pouvait manquer d’y trouver des adhérents : La « Société populaire » envoya un délégué à Paris pour se renseigner sur la nature et la portée du mouvement. La défaite des bataillons parisiens dans la plaine de Nanterre, lors de la sortie du 3 avril, loin d’arrêter dans leur élan les révolutionnaires limousins, parut les stimuler.

Des troupes du 91e de ligne étaient désignées pour se rendre à Versailles. La garde nationale voulut s’opposer à leur embarquement. Au jour fixé pour le départ, 4 avril la foule entoure le détachement, les soldats sont harangués, interpellés, sollicités ; ils cèdent leurs armes, les membres de la « Société populaire » s’en emparent, félici-