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Les gardes nationaux sommèrent alors Duportal de se mettre à leur tête, après avoir décidé de faire une grande manifestation dans les rues de Toulouse. Duportal, toujours indécis, attiré vers les révolutionnaires par son tempérament, par son passé, par son exaltation méridionale, ne voulait pas paraître se refuser absolument à aller de l’avant, mais en même temps, peu rassuré sur le caractère sérieux, et surtout durable, du mouvement toulousain, il s’efforça d’éluder la proposition sans se prononcer. Il émet alors des objections, donne des conseils de prudence et finalement refuse l’honneur périlleux qu’on veut lui imposer. Il ne lui est pas possible, dit-il, de prendre la tête d’une colonne armée et la direction d’une manifestation, dans laquelle on verrait le premier acte d’une émeute, qui vraisemblablement n’irait pas loin. Duportal réitéra donc son refus, dont le gouvernement versaillais ne lui sut d’ailleurs aucun gré. Les officiers de la garde nationale quittèrent, désappointés, la préfecture.

De la Préfecture, dit le Messager de Toulouse du 25 mars, la manifestation s’est rendue au Capitole. Là fut rédigée la proclamation de la Commune, que lut au balcon l’acteur Saint-Gaudens, capitaine adjudant-major de la garde nationale.

Une panique s’est produite au passage des manifestants dans les rues Saint-Étienne, Boulhomme, Saint-Romme et de la Pomme. Plusieurs magasins ont fermé. Il n’y a eu dans la journée aucune collision, aucune tentative contre les personnes : Aucun militaire ne s’est mêlé à la manifestation. Dans la soirée, beaucoup d’agitation sur la place du Capitole, mais pas de troubles.

Voici le texte de cette proclamation, lue par Saint-Gaudens :

Commune de Toulouse.

La garde nationale de Toulouse, réunie à l’occasion de la création de bataillons de garde constitutionnelle et d’installation de M. de Kératry en qualité de préfet de la Haute-Garonne, a pro-