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M. Thiers intervint impérieusement, taisant l’offre de sa démission, si on ne lui accordait pas ce qu’il exigeait : la nomination des maires retirée aux villes importantes. L’Assemblée, qui avait voté l’élection des maires, revint sur son vote et obéit à M. Thiers.

Ce vote est à considérer. Parmi les critiques que les deux premiers volumes de cette Histoire ont soulevées, et nul ouvrage n’est à l’abri de contestations, la plus sérieuse peut-être, celle du moins qui semble la mieux justifiée, est la très grande place accordée dans cet ouvrage à M. Thiers.

L’influence du personnage, son omnipotence et sa volonté de tout conduire, même les armées, ont-elles été présentées d’une façon excessive, et outrepassent-elles la réalité ? Pour ce qui concerne le 18 mars, la tentative sur Montmartre, l’affaire des canons, il a été établi, dans le 1er volume, que M. Thiers a seul tout combiné, tout dirigé. Les généraux, comme Vinoy et Le Flô, n’ont été avertis qu’à la dernière minute, et le projet de fuite à Versailles a été ignoré, puis combattu par le conseil des ministres, quand ceux-ci ont été avisés.

Jules Favre, le ministre le plus important, voulait même rester à Paris. On n’a donc pas donné, dans les événements du 18 mars, une trop grande importance à M. Thiers. Lui seul en a eu la responsabilité, lui seul a voulu, lui seul a agi.

Dans les négociations fallacieuses avec les maires, comme dans la préparation d’une attaque sur Paris, il n’a pris conseil de personne, ni de l’Assemblée, ni des généraux Seul il a tout dirigé, envoyant à Paris, pour se mettre à la tête