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texte et une occasion. Il lui fallait aussi de toute nécessité empêcher des républicains fâcheux de paralyser sa détermination, en mettant à néant son expédient et en déjouant son calcul. Si en effet ces républicains parvenaient à empêcher ce coup de main opportun, comment venir à bout du désarmement ?… M. Thiers avait besoin de la journée du 30 avril. Il sut se la procurer à la Guillotière…

(Souvenirs d’un lyonnais, p. 299.)

Cette déclaration du maire de la Guillotière, point du tout communard, on l’a vu, et il n’a jamais laissé passer l’occasion de protester contre la suspicion d’avoir été favorable au mouvement insurrectionnel parisien ou même lyonnais, n’est pas étayée de preuves écrites ou publiques, mais les présomptions morales en sa faveur sont grandes. La façon dont M. Thiers a procédé avec Paris pour parvenir au désarmement de sa garde nationale permet d’accepter la supposition du docteur Crestin, qu’il a provoqué l’émeute de la Guillotière dans le même Lut, à Lyon. À Paris, M. Thiers avait comme amorce pour sa mine le simulacre d’enlèvement des canons à Montmartre. À Lyon, s’il faut en croire le docteur Crestin, il se servit d’agents provocateurs. Le docteur Crestin cite un certain Gaillard, avec Albert Richard et de faux délégués venus de Paris, en écartant bien entendu toute connivence de ces intrigants avec l’honnête républicain qu’était Caulet de Tayac, délégué véritable de la Commune de Paris. Il en conclut que M. Thiers a suscité et favorisé secrètement une tentative d’insurrection, dans un quartier de Lyon, un jour d’élections, alors que le restant de la population demeurait paisible et blâmait les émeutiers.

On n’a pas la démonstration authentique de cette nouvelle fourberie de M. Thiers. La connaissance de son caractère, de sa duplicité, de ses fausses promesses de générosité, et sa conduite dans l’affaire des canons à Montmartre