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L’impopularité du conseil municipal et la défiance contre ses actes croissaient cependant parmi les groupes avancés de la Guillotière. Une réunion eut lieu le 27. On y décida de s’abstenir le 30, jour du vote. On proposa même de s’opposer à l’ouverture du scrutin. Si, malgré tout s’ouvrait, on devrait empêcher son fonctionnement régulier, à la Guillotière. L’obstruction se produisit en effet. Tandis que dans toutes les autres sections le vote s’accomplissait normalement, il ne put avoir lieu dans le 3e arrondissement. Le docteur Crestin, agissant comme officier de l’état civil de cet arrondissement, et Barbécot, son collègue, prirent alors un arrêté par lequel ils suspendaient : jusqu’à nouvel ordre, les opérations électorales dans toute 3e arrondissement.

Cette interruption, à défaut d’arrêté, eût été imposée par les événements. Une troupe d’insurgés s’était installée dés la matinée au café de la mairie, qui communiquait avec la mairie elle-même. Le docteur Crestin fut invité à monter à la mairie et on lui proposa de se mettre à la tête du mouvement. Il refusa. Un capitaine de la garde nationale, Bouret, fut alors proclamé maire, mais Crestin fut contraint de rester dans sa mairie. Sa position était critique. Il devenait un insurgé malgré lui, et si les troupes de l’ordre venaient à reprendre possession de la mairie, comme on s’y attendait, il risquait, étant trouvé au milieu des émeutiers ; d’être considéré comme leur chef. Il put heureusement s’échapper, grâce au subterfuge d’un ami, qui vint le demander sous le prétexte qu’un homme était mourant près de là, et qu’on réclamait ses soins. La foule, qui eût refusé passage au maire, laissa le médecin se rendre auprès du malade supposé.

Des barricades, cependant, s’étaient élevées avec rapidité dans l’arrondissement. Il y en avait une qui barrait la