sous l’empire, le Courrier Français, dirigé par Vermorel, et comme tel s’était trouvé dépositaire de fonds provenant d’une souscription dite de la Liberté Individuelle, ouverte pour payer les amendes des journalistes condamnés. L’auteur d’une biographie des hommes de la Commune, M. Delion, allégue que le liquidateur eut « différents débats avec le gérant du journal, qui ne semblent pas contribuer à donner une haute idée de la délicatesse de M. Beslay : 2,700 fr. recueillis par le Courrier Français, et totalement disparus, furent le sujet de la contestation. L’affaire alla jusques devant le procureur impérial qui l’étouffa ».
Cette calomnie, inspirée par la passion réactionnaire, ne tient pas debout. Le caractère et la probité incontestable de Charles Beslay eussent suffi à la réfuter. Rien que l’assertion qu’une plainte, pouvant porter atteinte à l’honorabilité d’un adversaire de l’empire comme le liquidateur du Courrier Français, avait bénévolement été jetée au panier par le procureur impérial, suffirait à démontrer l’absurdité de l’allégation.
M. Beslay, avec vivacité, répondit à son calomniateur et le confondit. Le passage de sa réponse est intéressant à signaler, surtout parce qu’il contient un éloge d’un honorable et vaillant républicain, qui fut injustement soupçonné aussi, Vermorel, à qui les députés de la gauche, sous l’empire, ne pardonnaient pas ses attaques souvent vives, mais inspirées par un violent amour de la démocratie.
Comme liquidateur du journal, écrivit Beslay, en 1878, alors réfugié en Suisse, à Neuchâtel, je dois dire que l’affaire présentait de grandes difficultés, vu le passif assez considérable de la liquidation. C’est dans le règlement de cette affaire que j’ai pu apprécier toute la valeur morale de Vermorel, qui m’avait inspiré longtemps, comme à beaucoup de membres du parti démocratique, de vives préventions. Quand je présentai à Vermorel,