dre l’apparition des troupes de Versailles ou l’assaut des bataillons venus des quartiers bourgeois. Toutes les barricades, d’ailleurs peu sérieuses, furent construites de façon à défendre les quartiers hauts, à protéger les points principaux du centre au pouvoir de l’insurrection. Les mitrailleuses placées au milieu des pavés entassés, sans gabions, flanquées de tranchées improvisées, avaient toutes la gueule tournée vers Paris. On redoutait, à Montmartre, à Belleville, à Montrouge, dans la Cité et aux abords de l’Hôtel-de-Ville, un mouvement de reprise des troupes rassemblées à l’École Militaire. On craignait aussi un effort des bataillons dits de l’ordre. On se souvenait de leur irruption soudaine le 31 octobre. À ce retour offensif imprévu le gouvernement avait dû sa victoire. Cette anxiété devait pourtant être dissipée dans l’après-midi du samedi, puisqu’on apprenait alors que des ordres de retraite étaient donnés partout aux troupes. Quant à l’appréhension d’une attaque des bataillons bourgeois, elle pouvait être légitimée par des bruits qui se répandaient. On signalait une résistance qu’organisaient les maires et les députés tenant une réunion à la mairie du Ille arrondissement. Mais, ainsi que les journées subséquentes en fournirent la preuve, il n’y avait pas à compter sur une action bien énergique de la part de ces bataillons du centre, dont les éléments hostiles étaient diminués par l’exode qui avait suivi l’ouverture des portes.
Le Comité Central, en s’immobilisant dans Paris, en bornant son action à élever des barricades que personne ne songeait à venir attaquer, laissa la fortune échapper, sans grand espoir de la ressaisir par la suite. Il compromit par son inertie les chances de la Révolution. Ce fut une faute à peu près irréparable.