santé, et non pour donner la mort. Si le Comité Central avait agi, s’il avait continué le combat, au lieu d’établir un armistice de fait qui permit à Thiers, un instant affolé de se ressaisir vite, et qui donna le temps à l’Assemblée de se réunir et à l’armée de répression de se constituer, l’insurrection du 18 mars devenait une grande révolution. Prudemment contenue dans Paris, cherchant l’isolement, c’est-à-dire le suicide, préoccupée d’occuper des fonctions, de continuer l’administration, de diriger les services municipaux, de reprendre les routines parlementaires, la force populaire que possédait la réunion des braves gens, incapables et timorés pour la plupart, qui se trouvaient rassemblés à l’Hôtel-de-Ville, le soir du 18 mars, s’évanouit, devint inutile, nuisible même.
Il ne pouvait y avoir place pour deux pouvoirs : l’Assemblée de Versailles et la Commune de Paris.
Le Comité Central commit la faute inexplicable de vouloir constituer l’une sans avoir détruit l’autre.
Pouvait-il, au 19 mars, débarrasser le pays de l’Assemblée versaillaise ? On a contesté cette possibilité. La question est d’une haute importance historique. De sa solution dépend la responsabilité de tout le sang versé, du 3 avril aux derniers jours de mai, et aussi le blâme de la postérité contre une insurrection se perpétuant inutilement et cruellement, sans aucun espoir de réussir, avec l’impossibilité, bientôt évidente, d’aboutir à une pacification, avec l’impuissance constatée de constituer un régime régulier et accepté. À quarante ans de distance, nous possédons les éléments d’appréciation indispensable et le sang-froid nécessaire pour examiner les termes du problème. Nous pouvons aussi indiquer la solution qui était possible au moment où s’accomplissaient les événements.
Les hésitations du Comité Central au 19 mars sont expli-