Etaient-ils transformés en factieux, pour avoir essayé d’empêcher une lutte sanglante entre Français ? Ce vote de rejet prenait cette signification injuste et maladroite.
L’Assemblée, en manifestant son refus d’admettre une transaction avec l’émeute, dépassait la pensée actuelle de M. Thiers ou du moins dérangeait ses calculs. Le chef du pouvoir exécutif n’avait-il pas envoyé l’amiral Saisset à Paris, sans mission précise, donc sans l’ordre formel de livrer bataille, par conséquent avec la faculté de signer des préliminaires de paix, s’il estimait que cela était nécessaire ou avantageux ? N’avait-il pas, par le décret de son ministre Picard, donné aux maires l’autorisation d’administrer provisoirement la ville de Paris, et de prendre toutes les mesures que comporterait la situation en l’absence du gouvernement ? Enfin, au moment même où l’Assemblée refusait de reconnaître que les maires avaient agi en bons citoyens, ne disait-il pas à M. Tirard, qui le consultait sur le point de savoir s’il devait signer la transaction, c’est-à-dire si lui Thiers approuvait cette transaction, et s’il l’eût signée avec les maires, se trouvant comme eux aux prises avec les mêmes difficultés et dans la même situation : « Vous n’avez qu’une chose à faire, c’est d’éviter l’effusion de sang. »
M. Thiers ajoutait, il est vrai, restriction mentale et verbale digne de Loyola : « Pendant quelques jours ». Approbation temporaire, mais approbation quand même.
M. Thiers indiquait ainsi qu’il ne demandait qu’un ajournement à l’hémorrhagie parisienne qu’il préparait. Il approuvait cependant le traité et la signature, puisque c’était le seul moyen de retarder le sang. Déconseillant une résistance qui lui paraissait inutile quant à présent, M. Thiers trouvait bonne, provisoirement, la transaction qui la terminait. Il donna en outre ce certificat à M. Tirard, que l’As-