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contrainte à prendre des résolutions. À M. Thiers d’agir : il était l’Exécutif. Elle se contentait de légiférer sur la magistrature, délibération de tout repos. À M. Thiers, pour les affaires parisiennes, elle laissait la peine et la responsabilité. Si les choses tournaient bien, elle s’en attribuerait l’honneur. Elle ne voulait pas admettre qu’il y eût un Comité de factieux prenant le titre de Central, et prétendant parler au nom d’une ville révoltée.

Les maires de Paris avaient cru devoir discuter, et probablement s’entendre avec ces insurgés, c’était leur affaire. On ne pouvait ni les empêcher de traiter, puisque c’était fait, disait-on, ni les blâmer de l’avoir fait, puisque, affirmait-on aussi, c’était le seul moyen de sortir d’une situation difficile. La guerre civile serait ainsi évitée, prétendaient les maires. Etait-ce un bien ? Il fallait, avant de se prononcer, savoir ce qu’en pensait M. Thiers. Or, M. Thiers se taisant, personne n’avait à élever la voix pour se féliciter de la solution pacifique ou pour la regretter. On ne pouvait pas davantage ratifier, ou même paraître approuver un traité passé avec le Comité Central en dehors et à l’insu de l’Assemblée, puisque cet acte était illégal, puisqu’on était réputé l’ignorer. L’assemblée n’avait pas eu à examiner les conditions de ce traité, et son exécution lui échappait. Il n’y avait donc qu’à attendre les événements et les résolutions que prendrait M. Thiers, en continuant à délibérer, avec une sérénité romaine, sur la magistrature ou sur tout autre texte de loi n’ayant qu’un rapport lointain avec la situation parisienne, qu’on qualifiait cependant d’inquiétante.

MOTION DE LOUIS BLANC

Louis Blanc et plusieurs de ses collègues de l’extrême gauche estimèrent au contraire qu’il y avait lieu pour